Rencontre avec Bruno Moinard, architecte d’intérieur, scénographe, designer et peintre

Courtesy Bruno Moinard

Bruno Moinard est architecte d’intérieur, scénographe, designer et peintre. À L’occasion de ses 160 ans, la SNBA célèbre le monde de la culture et les personnes qui le font. Découvrez notre échange avec Bruno Moinard qui a assuré la scénographie de nombreuses éditions du Salon des Beaux Arts et apprenez-en davantage sur son parcours, son métier, ses inspirations.

Quelle(s) expérience(s) et quel(s) chemin(s) vous ont mené à devenir architecte d’intérieur/designer?

Je suis né entouré de textiles, de textures, de mobiliers. Mon père et mon grand-père étaient tapissiers. Très vite, mon père m’emmenait partout avec lui et surtout dans ses ateliers. J’ai commencé par jouer avec des ramponneaux puis petit à petit je lui donnais un coup de main pendant les vacances.

J’ai baigné dans ce milieu artistique. J’ai toujours dessiné et mon grand-père rêvait que je fasse l’École Boule en tapisserie. Mais à 9 ans j’avais déjà une idée bien précise de ce je voulais faire ! J’ai quitté Dieppe pour intégrer l’ensaama Olivier de Serres à Paris. La formation généraliste de cette école me convenait parfaitement. Je faisais de l’impression sur tissu, de l’architecture, du design, de l’impression sur tissu, de la publicité, je travaillais la terre. L’énergie qui y circulait était très stimulante et je prenais du plaisir à travailler jour et nuit !  J’ai eu très tôt le besoin d’exprimer par le dessin ma vision de l’espace, l’espace réel et l’espace rêvé. J’ai choisi de me spécialiser en architecture d’intérieur.

Quelle a été votre première expérience professionnelle?

Un architecte qui m’a proposé un travail à Roanne le jour de ma remise de diplôme. Mon premier rendez-vous de chantier s’est trouvé chez les frères Troisgros en 1979. S’en est suivie une longue liste de clients chefs. Aujourd’hui encore, je travaille avec Alain Ducasse, Jean Imbert, Anne Sophie Pic. Au fond l’architecture d’intérieur et la gastronomie sont des métiers qui se ressemblent : je travaille dans des délais très courts avec énormément d’exigences afin de rester sur le terrain en permanence !

Par la suite j’ai rejoint Andrée Putman et ai travaillé pour les grandes Maisons de luxe et leurs couturiers : Alaïa, Saint Laurent, Mugler, Lagerfeld… Karl Lagerfeld est le personnage qui m’a le plus marqué. Il était doté d’une intelligence remarquable et capable de faire plusieurs choses à la fois avec justesse. Il était tentaculaire. Je travaillais sur trois maisons en même temps pour lui, à Monaco, Rome et Paris. L’appartement de Monaco était situé au 30e étage du Roccabella avec une vue imprenable sur tout Monaco. C’était l’époque du Memphis d’Ettore Sottsass alors je me suis lancé dans un grand jeu d’enfant : j’ai choisi de la couleur du sol au plafond. Le soleil entrait de partout et les couleurs réfléchissaient dans toutes les pièces.

Et aujourd’hui où en êtes-vous?

Aujourd’hui j’ai multiplié par 100 ce que je faisais à l’époque chez Putman puisque la technique a évolué, les machines aussi. Mon équipe est aujourd’hui composée de 50 personnes au sein de notre agence Moinard-Bétaille et de 10 collaborateurs supplémentaires chez Bruno Moinard Editions, ce qui ouvre un nouveau champ des possibles.

Sans m’être donné de stratégie précise dans ma carrière, je suis arrivé là où j’avais envie : je dessine des boutiques, des sièges sociaux, des restaurants, des hôtels, des maisons et appartements privés, des musées, des spas, de la scénographie, du mobilier et je peins librement !

Comment définiriez-vous votre métier d’architecte d’intérieur/designer/scénographe?

Accueillir avec enthousiasme, émotion et toujours autant d’envie des demandes venues du monde entier. Il est indispensable de cultiver son côté enfantin, d’élargir son imaginaire… tout en maîtrisant ses projets.  Cela passe, chez moi, par un dessin jeté, des couleurs lâchées qui deviendront ma « marque de fabrique » et l’ambassadeur de mes idées.

Dans toute cette diversité, quelle est votre ligne esthétique?

Je suis attiré par la matière, la lumière, le classique, le contemporain. Tout m’intéresse. Les métiers d’arts font partie de ma vie. La technique et la nouveauté aussi. Je m’adapte, je reste curieux et je cultive une vision d’enfant.

Comment organisez-vous vos projets ?  Notamment la scénographie du Salon des Beaux Arts que vous avez plusieurs fois mis en scène?

©SISYU, Salon des Beaux Arts 2014

La base de mon métier est la scénographie. Je travaille à partir des lieux, de leurs contraintes, de leur lumière, de leur profondeur. Pour le Salon des Beaux Arts 2014 par exemple, j’ai réfléchi à la mise en scène de l’installation de Sisyu, artiste japonaise invitée d’honneur par la SNBA. J’ai eu la chance d’aller la rencontrer une première fois dans son atelier lors d’un déplacement professionnel au Japon, puis de me rendre au Carrousel du Louvre pour comprendre le lieu et imaginer ce que le projet artistique de Sisyu pouvait donner dans cet espace. Ma scénographie a été pensée comme un parcours de découvertes, de sensations. J’ai voulu que les visiteurs pénètrent dans un univers et se faufilent comme des carpes à l’intérieur de ses paysages en toiles.

Vous êtes l’un des seuls architectes d’intérieur à dessiner, comment l’expliquez-vous?

Je fais beaucoup de croquis et de dessins spontanés. Si je continue à dessiner depuis l’arrivée de la 3D, c’est parce que la main est très importante pour moi. Elle transmet l’émotion du cerveau. Il y a une fraîcheur dans le geste qui est celui de la justesse. « Quand on laisse la liberté au trait, cela devient un trait d’esprit », dirait mon ami Michel King (ndlr Président de la SNBA).

Rencontre avec Suzanne Vogel-Tolstoï, responsable de Galerie et des éditions chez Cécile Fakhoury

©Kader Diaby

Suzanne Vogel-Tolstoï est responsable de Galerie et des éditions chez Cécile Fakhoury. À L’occasion de ses 160 ans, la SNBA célèbre le monde de la culture et les personnes qui le font. Découvrez notre échange avec Suzanne Vogel-Tolstoï et apprenez-en davantage sur son parcours, son métier, ses inspirations.

Comment définiriez-vous votre métier ?

Mon métier est un métier de lien. Le fonctionnement de Cécile Fakhoury est très organique, au-delà de nos titres, nous sommes tous•tes couteaux suisses et pouvons redéfinir nos périmètres de travail en fonction de nos intérêts. Au quotidien, j’œuvre à créer des liens entre toutes mes missions, avec toujours pour objectif de servir l’artiste et de garantir la diffusion de son œuvre. C’est un métier où l’écoute est primordiale.

Quels chemins vous ont menée à devenir responsable de Galerie et responsable des éditions ?

Étant une enfant de l’école publique, les services publics, tels que les musées, ont toujours été très importants pour moi. Jeune, le milieu du marché de l’art me semblait nébuleux. Je le diabolisais sans le connaître et sans avoir conscience de son rôle dans l’aide à la création et le soutien aux artistes, surtout les artistes contemporain•e•s sur le marché primaire.

Après des études de philosophie à l’ENS puis un master à Sciences Po en management culturel, j’ai cherché un travail en Afrique de l’Ouest où l’offre culturelle publique est encore peu développée. C’est à ce moment que j’ai entendu parler de la galerie Cécile Fakhoury et que je l’ai rejointe. Et comme j’avais travaillé à mi-temps à côté de mes études chez Gallimard, Cécile m’a fait confiance et m’a proposé de créer le département éditorial de la galerie. Monographies, catalogues, textes curatoriaux… je travaille sur tout cela en plus de coordonner les activités de la Galerie.

C’est donc à travers Cécile Fakhoury que j’ai découvert le rôle des galeries d’art et le fonctionnement du marché de l’art. J’ai aussi rapidement compris que chaque galerie avait un positionnement différent vis-à-vis des artistes et du marché. Chaque galerie a sa personnalité ! Chez Cécile Fakhoury, on cherche à consolider la carrière de l’artiste sur un temps très long, au-delà des ventes. Nous avons un véritable rôle de soutien et de conseil, même quand il s’agit de projets qui n’ont pas de lien avec nous.

Comment organisez-vous vos journées au sein de la Galerie ?

Ça change tous les jours, car chaque journée a son lot d’urgences. À Abidjan où j’ai travaillé pendant 3 ans, le temps est plus long et nous organisons des expositions tous les 3 mois. La galerie Cécile Fakhoury de Paris n’a pas la même temporalité. Le rythme est plus rapide avec une exposition tous les mois. Une grande partie de mon quotidien tourne autour de l’organisation des expositions : projets artistiques, logistique, gestion des transports, gestion administrative, communication, scénographie, programmation du ménage, des coups de peinture pour rafraîchir les murs, organisation du vernissage, gestion des ventes, des réservations, des négociations…

En parallèle je développe les éditions de la galerie. En ce moment, je travaille sur le catalogue d’exposition de Jess Atieno et je prépare deux monographies, une sur Ouattara Watts en co-édition avec Atelier EXB et une sur François-Xavier Gbré.

Quel(s) projet(s) vous a le plus marquée ? Pourquoi ?  

La première exposition que j’ai organisée quand je suis arrivée à Abidjan (Sadikou Oukpedjo) ! C’est là que j’ai saisi l’importance du maillon galerie dans tout l’écosystème culturel. L’artiste m’a fait confiance et m’a fait participer au processus de création. C’était une expérience très enrichissante, et c’est d’ailleurs le premier texte que j’ai écrit pour la galerie.

Cela dit, chaque exposition est une expérience enrichissante, car chaque artiste à une manière différente de travailler et de nous impliquer dans son travail. J’ai en tête l’exposition de Roméo Mivekannin en septembre 2020 à Abidjan où il présentait dans une première salle ses œuvres — des réinterprétations d’images d’archives de la colonisation en miroir d’œuvres de l’histoire de l’art classique représentant des personnes noires en position de domination. Dans la suivante, il montrait une série de personnages noirs qui ont marqué l’histoire : WEB Du Bois, Frantz Fanon, James Baldwin, Aïssa Maiga, Wole Soyinka, Wangari Maathai. Nous avons beaucoup travaillé sur la médiation de cette exposition avec l’artiste. C’était fascinant de recevoir différents publics et de voir leur réaction vis-à -vis de ces images qui circulent assez peu dans la manière dont est enseignée l’Histoire en Côte d’Ivoire. Cela a donné lieu à des dialogues très intéressants. Nous avions d’ailleurs invité des étudiants de l’Insaac à lire des textes de Frantz Fanon, James Baldwin, Leonora Miano ou encore Seloua Luste Boulbina.

Quelle importance a l’art dans votre vie ?

 Je ne suis pas arrivée dans le monde des arts plastiques par erreur, mais j’ai quand même un terreau plus littéraire. Je lis beaucoup et j’aime beaucoup écrire. Je suis portée par cette tonalité littéraire dans mon travail et dans ma vie en générale. Mon attitude vis-à-vis des œuvres est la même que celle vis-à-vis d’un poème : les interprétations sont plurielles et chaque œuvre peut être analysée par couche. Plus jeune, l’œuvre de Nicolas de Staël m’a beaucoup marquée. C’est le premier artiste qui m’a aidé à déconstruire la dichotomie entre figuration et abstraction. Avoir quelque chose qui brouille un peu les lignes en face de soi permet de projeter l’imagination dans quelque chose d’abstrait, ou à l’inverse, de très concret.

Et si vous étiez une œuvre, un moment ou un mouvement ?

L’œuvre qui m’inspire —entre autres— est une installation de Tomás Saraceno qui a été présentée au Palais de Tokyo il y a quelques années. C’était une toile d’araignée géante qui donnait l’impression que tout partait dans tous les sens, alors qu’elle suivait une logique imparable. Cela me rappelle la sensibilité et la création de liens qui se trouvent au cœur de mon activité professionnelle. Il faut être suffisamment sensible pour comprendre les artistes que Cécile Fakhoury représente et suffisamment organisée et ancrée pour les aider.

Il y avait aussi une autre installation près de la toile d’araignée qui, en fonction du passage, émettait un son différent. Cela m’évoque la pluralité des publics et des audiences et m’inspire dans les travaux de médiation que nous mettons en place au sein de la Galerie.

Rencontre avec Camille Roux dit Buisson, directrice du Comité Jacqueline Marval

Visuel de l'oeuvre de Jacqueline Marval, La Danseuse de Notre-Dame, 1921
Portrait de Camille Roux dit Buisson
© France Télévisions

Camille Roux dit Buisson est directrice du Comité Jacqueline Marval. Jacqueline Marval exposa au Salon des Beaux Arts dès 1904. À L’occasion de ses 160 ans, la SNBA célèbre le monde de la culture et les personnes qui le font. Découvrez notre échange avec Camille Roux dit Buisson et apprenez-en davantage sur son parcours, son métier, ses inspirations.

Quelle(s) expérience(s) et quel(s) chemin(s) vous ont menée à devenir directrice du Comité Jacqueline Marval ?

L’art m’a toujours passionnée, j’ai grandi avec, et particulièrement avec Jacqueline Marval. Après des études en marketing et communication spécialisées dans la mode et le luxe, puis trois années d’expérience en agence de communication, j’ai commencé à travailler avec mon père, Raphaël Roux dit Buisson, marchand d’art. Notre premier projet commun était la Biennale de Paris en septembre 2018. À l’époque le Comité Jacqueline Marval existait uniquement dans la tête de mon père —faire (re)connaître Jacqueline Marval est le projet de sa vie. Peu à peu, ce projet a pris de l’importance de mon côté également. Marval étant chère à notre famille, mon frère Lucien Roux (responsable des archives et des recherches au Comité Jacqueline Marval) et moi avons refait le site (www.jacqueline-marval.com) afin de rendre sa biographie, une partie de nos archives (publications, presses, photos) et une sélection d’œuvres accessibles. Nous avons officiellement ouvert le Comité Jacqueline Marval fin 2020.

Comment définiriez-vous votre métier ?

Difficile à définir ! Je dirais que je m’occupe du développement du Comité Jacqueline Marval, de façon assez générale et plus concrètement, de la valorisation de son histoire et de son œuvre. De l’organisation d’évènements (par exemple, les deux évènements Femmes d’Art qui ont eu lieu cette année – l’un sur Jacqueline Marval, l’autre pour la collaboration Septem x Tiffany Bouelle, le diner du Club du Souper, différents shootings, etc), à la communication (documentaire sur France 4, presse, réseaux sociaux…) en passant bien entendu par le travail relatif à l’exposition de Jacqueline Marval lors de diverses occasions (récemment au Musée du Luxembourg pour Pionnières, prochainement à Séoul pour une exposition monographique, puis en Suède, et aux États-Unis…). Je travaille également en relation étroite avec mon frère Lucien Roux sur l’archivage et la recherche relative à l’œuvre de Jacqueline Marval.

Comment organisez-vous vos journées au sein du Comité Jacqueline Marval ?

Visuel de l'oeuvre de Jacqueline Marval. Titre : l’Étrange Femme, 1900
Jacqueline Marval, L’Odalisque au Guépard, 1900
Huile sur toile, 110 x 220 cm
Collection privée, Paris, Courtesy Comité Jacqueline Marval
Anciennes collections Ambroise Vollard, Oscar Ghez, Musée du Petit Palais (Genève), Prince de Polignac
© Nicolas Roux dit Buisson

Aucune journée ne se ressemble vraiment, elles suivent réellement les différents projets que nous menons. Il y a quelques mois, en plein dans l’organisation de l’exposition au Seoul Arts Center en Corée (à venir), mes journées étaient rythmées par la gestion du contrat, le choix des œuvres, les discussions avec les propriétaires autour des emprunts, la conceptualisation de l’exposition, l’organisation des séances photo des 130 œuvres exposées ou encore la rédaction du catalogue. Le déménagement récent du Comité Jacqueline Marval nous a également occupés pendant plusieurs semaines (le comité sera réinstallé à l’automne). Aujourd’hui, je travaille sur d’autres expositions pour les 2-3 années à venir, je rencontre les équipes de musées, et je gère des taches plus quotidiennes (communication, etc).

Quel(s) projet(s) vous a le plus marquée ? Pourquoi ?

La création du Comité Jacqueline Marval ! C’est une histoire de famille, de passion et de recherches qui a commencé, grâce à mon père Raphaël Roux dit Buisson, il y a plus de 40 ans. Depuis, nous avons retrouvé près de 800 articles et publications mentionnant Jacqueline Marval. Grâce à ce travail, nous avons, entre autres, pu découvrir que Marval avait exposé au Metropolitan Museum en 1919.

De façon très personnelle, son histoire me fascine. Comment cette femme a-t-elle tout quitté pour partir seule à Paris et renaître en tant qu’artiste (changeant au passage son nom, Marie-Joséphine Vallet pour Jacqueline Marval), connaître un succès national et international, inspirer ses pairs tels que Picasso ou Matisse, puis finir par tomber dans l’oubli ? Aujourd’hui, je suis fière de participer à la reconnaissance de son œuvre, c’est cela qui me marque le plus.

Une question qui revient souvent ?

Visuel de l'oeuvre de Jacqueline Marval, La Danseuse de Notre-Dame, 1921
Jacqueline Marval, La Danseuse de Notre-Dame, 1921
Huile sur toile, 100 x 81 cm
Collection privée, Paris, Courtesy Comité Jacqueline Marval
© Nicolas Roux dit Buisson

« Est-ce que ça vous intéresserait d’ouvrir un musée ? »

Aujourd’hui, l’idée de faire voyager les œuvres le plus possible dans des expositions nationales et internationales, plutôt que de les garder dans un lieu fixe. L’exposition à Séoul est par exemple une nouvelle occasion de raconter toute l’histoire de Marval et de restituer une partie de l’histoire de l’art oubliée : aujourd’hui encore, les erreurs sur sa vie persistent. C’était déjà le cas de son vivant où l’on disait qu’elle avait suivi son (alors futur) compagnon, Jules Flandrin, à Paris. Nous avons retrouvé une lettre datée 1916 envoyée par Marval à l’un de ses collectionneurs, Alfred Rome, dans laquelle elle raconte son arrivée à Paris en 1895. Elle y explique que sa venue à Paris était entièrement due à sa soif d’indépendance. Elle est explicite : « …Quelques-uns ont cru que je vins à Paris enlevée par Jules Flandrin ! Je ne sais comment il s’y serait pris. La vérité est plus simple. Mon départ pour Paris fut décidé par moi lorsque, traquée par un mari stupide, je ne pouvais plus espérer vivre à Grenoble où je m’étais fixée malgré l’horreur inspirée par la grosseur de cette population d’alors. (…) Flandrin, que je connaissais depuis près d’un mois, m’offrit de me montrer Paris, ce que j’acceptais, mais Grand Dieu ce que j’ai dû le découvrir Paris ! Mais à aucun moment l’idée de partir avec Flandrin ne me vint ! Et pourquoi plutôt avec lui qu’avec un autre ? (…) Ma vie, il fallait la gagner, là comme ailleurs, et essayer de réaliser mes rêves (…). Et je me suis affirmée à ce moment dans mes idées de vie libre dont je garde la responsabilité. » [1]

[1] Marval, lettre à Alfred Rome, 7 novembre 1916, archives particulières tirées du livre Jacqueline Marval, 1866 – 1932, François Roussier, Éditions Didier Richard, 1987.

Rencontre avec Camille Bardin, critique d’art indépendante et co-présidente de Jeunes Critiques d’Art

© Camille Bardin

Camille Bardin est critique d’art indépendante et co-présidente de Jeunes Critiques d’Art. À L’occasion de ses 160 ans, la SNBA célèbre le monde de la culture et les personnes qui le font. Découvrez notre échange avec Camille Bardin et apprenez-en davantage sur son parcours, son métier, ses inspirations.

Quelle(s) expérience(s) et quel(s) chemin(s) vous ont menée à devenir commissaire d’exposition?

Alors que je me prédestinais à être journaliste politique, mes premières expériences m’ont menée à travailler pour les rubriques culture de plusieurs rédactions. J’ai écrit sur la littérature, l’opéra classique, les programmes télé… J’ai pu découvrir l’art contemporain par ce biais. Cela m’a énormément plu puisqu’il représentait une synthèse de tout ce que j’avais envie de faire : de la philosophie, de la psychologie, des études d’économie, de politique. C’est ensuite sur le terrain que je me suis formée à l’histoire de l’art, en intégrant des rédactions spécialisées en art contemporain, puis en travaillant aux côtés de commissaires d’exposition. Cette presse spécialisée ne m’a pas comblée très longtemps. J’avais l’impression de devoir encenser chacune des expositions que je voyais, y compris celles où je n’avais pas mis les pieds, car nous travaillions beaucoup sur dossiers de presse. C’est à ce moment que je me suis lancée à mon compte [en 2016] et que j’ai rejoint le collectif Jeunes Critiques d’Art. J’y ai trouvé une liberté absolue !

Comment définiriez-vous votre métier de critique d’art et de commissaire d’exposition?

Les termes « critique » et « commissariat » peuvent faire un peu peur. La critique d’art est pourtant loin d’être dévalorisante. Mon travail consiste à travailler main dans la main avec les artistes. Il s’agit d’un accompagnement, de recherches et d’engagement.

L’accompagnement, car je suis les artistes dans leurs démarches, je vais à leur rencontre, je m’intéresse à leurs cheminements. La recherche, car elle occupe les ¾ de mon temps — seule face à un ordinateur ou un livre. Enfin, l’engagement, car il est essentiel de prendre la parole pour faire entendre les voix qui sont moins entendues que d’autres.

J’aime également me dire que la critique d’art ne se résume pas à l’écriture d’un texte. Cela peut être plus plastique, plus pluriel. Aujourd’hui, j’explore de nouveaux formats et espaces pour partager mes critiques, notamment à travers mon podcast. Dans cette dynamique-là, le commissariat s’est présenté comme une évidence. Au fur et à mesure de mes rencontres et de mes critiques, j’ai eu envie de voir tel•le et tel•le artiste travailler ensemble et telle œuvre et telle œuvre dialoguer ensemble. Mes sujets de prédilection se sont dessinés et le commissariat m’a permis de les mener dans des espaces d’exposition.

Comment organisez-vous une exposition/une critique d’art?

Je viens de l’école Jeunes Critiques d’Art qui distingue trois types de rubriques :

  • Les critiques d’exposition
  • Les portraits d’artistes
  • Les touches critiques qui représentent des visions grand-angle sur le monde de l’art et son fonctionnement

Le format portraits d’artistes est celui que j’ai le plus exploré jusqu’à présent. J’aime me plonger dans une pratique et essayer de la décortiquer. Cela commence souvent par une rencontre avec l’œuvre — je découvre le travail d’un•e artiste dans une exposition, au cours d’une discussion ou encore sur Instagram où des milliers de portfolios sont à ma disposition. Vient ensuite l’échange avec l’artiste pour comprendre son travail, ses références. À la suite de cela, j’entame la phase de recherches pour creuser toutes les références qui façonnent sa pratique. Mis bout à bout, cela me mène à brosser son portrait.

Quel(s) projet(s) vous a le plus marquée? Pourquoi?

Jeunes Critiques d’Art ! Ce collectif dans lequel nous — critiques d’art — travaillons tous et toutes bénévolement. Il nous permet de tenir dans le monde de l’art, de gagner en visibilité, d’échanger, d’être stimulé•e•s, de se faire relire. Jeunes Critiques d’Art a été un moteur dans ma carrière. L’objectif de Jeunes Critiques d’Art est de sortir du huis clos de l’écriture et cela a un impact sur nos démarches respectives. À plusieurs on est plus fort•e•s.

Mon podcast Présent•e est l’autre projet qui me tient à cœur. J’ai voulu investir cette forme-là pour diffuser des échanges accessibles avec les artistes, en réponse aux nombreuses parutions plutôt très opaques de l’art contemporain. Dans l’art contemporain, la médiation est nécessaire et la parole des artistes est clé. Ils et elles convoquent de nombreuses références — parfois invisibles de prime abord. Contrairement à l’écriture qui peut s’avérer aride et bloquante, le podcast offre une autre porte d’entrée. Quand on a la parole de l’artiste, quand on a accès à ses références, ses réflexions et ses recherches, on multiplie les chances d’être sensible à sa pratique et de vouloir en savoir plus.

Enfin, quelles sont vos inspirations? En quoi vous portent-elles dans votre quotidien?

Le militantisme féministe et toutes les ressources sur le féminisme intersectionnel font partie intégrante de mes réflexions. C’est la source même du dynamisme de ma pratique. J’essaye d’investir l’espace critique pour mette en avant certains et certaines artistes qui motivent la création d’un nouvel imaginaire, qui impactent de nouvelles possibilités d’existence.

Rencontre avec Olivier Lachet, régisseur général pour le Spectacle Vivant et de l’Évènementiel

Salon des Beaux Arts 2019 ©Pierre Nadler

Olivier Lachet est régisseur général pour le Spectacle Vivant et de l’Évènementiel. À L’occasion de ses 160 ans, la SNBA célèbre le monde de la culture et les personnes qui le font. Découvrez notre échange avec Olivier Lachet, régisseur du Salon des Beaux Arts depuis 2003 et apprenez-en davantage sur son parcours, son métier, ses inspirations.

Qu’est-ce qui vous a mené à devenir directeur technique ?

Rien, ou presque tout m’a amené à devenir régisseur. J’ai commencé par travailler chez un traiteur où je m’occupais de la restauration. Puis peu à peu, j’ai rejoint la gestion organisationnelle du traiteur en coordonnant toute la partie restauration et logistique pour tous types d’évènements. J’ai tout de suite aimé cette pluralité de missions et j’ai su adapter mes prestations aux envies, volumes, lieux et choix scénographiques de mes clients de l’époque. C’est donc naturellement que j’ai complètement intégré le département événementiel et que je suis devenu directeur technique. J’ai tout appris sur le terrain !

Racontez-nous votre rencontre avec la SNBA…

En rejoignant l’équipe technique du Carrousel du Louvre en 2003, j’ai accueilli et accompagné tous les organisateurs d’événements, dont la Société Nationale des Beaux Arts. À l’époque, je ne savais pas que cette rencontre coup de cœur allait déboucher sur plus de 15 ans de collaboration. D’abord en tant que directeur technique du Carrousel du Louvre, puis en indépendant. J’accompagne les équipes du Salon des Beaux Arts dans le renouvellement perpétuel de leurs projets scénographiques.

Salon des Beaux Arts 2019 ©Yona Elig

Quelle est votre occupation préférée ?

Le concret, les clous et les odeurs font mon bonheur ! Plus précisément, j’aime donner vie aux projets qui existent jusqu’alors seulement sur papier. Du cahier des charges, au plan de sécurité en passant par le rétro-planning, les recherches de partenaires et l’élaboration de devis, je prends plaisir à accompagner mes clients le plus justement possible. Pour ce faire, j’anticipe au maximum et j’évite de faire du tricot de dernière minute. Mais il est important de rester souple, c’est l’essence même de mon métier, qui fait partie de la famille des barbapapa. On se transforme et on s’adapte à chaque projet et à chaque contexte.

Ces dernières années nous l’ont bien rappelé : l’imprévu rôde à (presque) chaque coin de rue.

Quel(s) projet(s) vous a le plus marqué ? Pourquoi ?

Je préfère le sens à l’enjeu. Ainsi, j’aime contribuer à faire vivre les projets d’intérêts généraux où le côté lucratif passe au second plan. C’est pour cette raison que je travaille avec le milieu associatif depuis longtemps, notamment pour le Salon des Beaux Arts qui m’est cher, mais aussi pour la Fondation des Amis de l’atelier.

Salon des Beaux Arts 2019 ©Yona Elig

Quel•le(s) sont vos héro•ïne•s dans l’histoire ?

Michelle Obama, Simone Veil et Isabelle Lawson (ndlr : la Directrice de la SNBA) ! De manière générale, j’aimerais une société plus égalitaire, plus solidaire et plus inclusive.

Et si vous étiez une œuvre d’art ?

Je serai une céramique ! Avoir les mains dans la terre, toucher la matière, modeler les formes, tout cela me correspond bien.

Rencontre avec Éléonore Dérisson, chargée des collections à la Fondation des Artistes

Portrait d'Éléonore Dérisson
© Vanessa Silvera

Quelle(s) expérience(s) et quel(s) chemin(s) vous ont menée à devenir historienne de l’art et chargée des collections à la Fondation des Artistes?

Dès mon plus jeune âge et bien que je vienne d’un milieu assez éloigné de celui du monde de l’art, mes parents m’ont emmené voir de nombreuses expositions. Nous organisions des week-ends culturels sans enjeu. Le seul jeu inventé par mes parents était celui de choisir l’œuvre qu’on aimerait ramener à la maison.

Les musées ont été très présents dans ma jeunesse et mon choix d’études s’est fait naturellement. Arrivée à Paris, j’ai suivi le cursus complet de l’École du Louvre pour acquérir à la fois les connaissances théoriques en histoire de l’art et des connaissances techniques de conservation-restauration avec l’étude des matériaux et de leur vieillissement. J’ai multiplié les stages dans les secteurs publics et privés pour me former et apprendre toutes les facettes de mon métier : juridiques, artistiques, scientifiques, financières, historiques, diplomatiques.

Tout cela m’a mené aux portes de la Fondation des Artistes en 2017 pour accompagner l’ouverture du cabinet de curiosités de Salomon et Adèle de Rothschild.

Comment définiriez-vous votre métier?

Photo de la bibliothèque de la Fondation des Artistes prise d'en bas
©Fondation des Artistes

Je suis chargée des collections. Mes trois missions principales sont :

  • Connaître les œuvres

Sans connaissance, il n’y a pas de conservation possible. Il est impératif d’inventorier les œuvres, de les décrire et d’analyser leur état. Cela nécessite des connaissances et des compétences précises, comme l’utilisation du vocabulaire précis de l’histoire de l’art. C’est à la fois un travail intellectuel, pratique et logistique. À titre d’exemple, depuis mon arrivée à la fondation des Artistes, nous avons récolé 1619 œuvres de la collection — sans compter le legs des Rothschild.

  • Conserver les œuvres

Cette partie théorique et technique est clé, puisqu’elle permet la transmission des œuvres dans le temps. Cela prend différentes formes : faire le ménage régulièrement pour enlever la poussière (meilleure amie de la moisissure), arbitrer des choix de restauration, travailler avec la sécurité, faire de la recherche…

  • Faire vivre les œuvres

La conservation prend tout son sens si et seulement si elle est partagée. La médiation est donc le troisième pilier de mon métier. Elle se matérialise à travers des visites guidées, la mise à dispositions de livrets, la création de contenus, ou encore la formation des conférencier•e•s.

Quelle partie préférez-vous dans votre travail?

Photographie de l'intérieur du cabinet de curiosités d'Adèle de Rothschild à l'Hôtel Salomon de Rothschild
Cabinet de curiosités d’Adèle de Rothschild ©Fondation des Artistes

J’aime aussi bien faire de la recherche pour rédiger une notice que réaliser un emballage parfait pour l’une des dizaines d’œuvres qui voyagent chaque année. En d’autres termes, tout me plait. Je dois cependant l’avouer, la rencontre avec le public reste une de mes parties préférées. À chaque nouvelle visite, j’apprends quelque chose ! Les visites guidées sont des moments d’échanges et d’apprentissage très riches.

Pour l’anecdote : il y a quelques mois, un visiteur m’a appris que l’un des objets présents dans le cabinet de curiosités n’était autre qu’un baguenaudier. Nous savions déjà qu’il s’agissait d’un casse-tête chinois, mais nous ne savions pas comment l’objet s’utilisait ni les règles du jeu.

Quel(s) projet(s) vous a le plus marquée? Pourquoi?

Le premier projet qui me vient à l’esprit est celui de l’ouverture du cabinet de curiosités. Regroupant plus de 400 œuvres datées entre l’Antiquité et le début du XXe siècle, ce lieu était fermé depuis près d’un siècle et rien ne laissait entendre qu’il puisse un jour être accessible au public. Nous avons dû solutionner point par point tous les problèmes soulevés par l’ouverture des collections au public et faire de nombreuses recherches. Aujourd’hui et depuis 2017, je suis très heureuse d’organiser des visites guidées sur rendez-vous dans ce lieu atypique.

L’autre projet marquant est mon mémoire de recherche en Master 2 à l’École du Louvre. J’ai réalisé un catalogue sur la collection de 120 tableaux hollandais du Musée Jeanne d’Aboville (La Fère, Aisne). J’ai mené une véritable enquête en remontant l’historique de la collection en explorant ces questions : « qu’est-ce qu’un musée ? », « d’où vient-il ? », « pourquoi passer d’un musée privé à un musée public ? ». Pour y répondre, j’ai puisé dans l’histoire des collections et l’histoire du goût — « pourquoi achète-t-on et qui achète ? ». Cette recherche a été un véritable travail collégial, de nombreux expert•e•s, historien•ne•s de l’art et fondations m’ont aidée, dont la fondation Custodia. Cela m’a permis de débloquer un problème de légitimité puisque j’ai compris que le plus important était la manière dont un travail est justifié, et non la simple renommée de la personne qui en parle. En histoire de l’art, l’attribution est un savoir cumulatif. La science n’est pas exacte, mais c’est la somme des recherches et des arguments justifiés qui permet d’échanger, d’avancer ou parfois de fermer des portes.

Quelles sont vos inspirations?

Mon intérêt pour l’art et la culture est très spontané. Cependant, j’ai un faible pour la peinture primitive flamande, et tout particulièrement pour le triptyque Portinari d’Hugo Van der Goes (1476-1478) que j’ai eu la chance de voir au Musée des Offices de Florence. Le paradoxe entre la représentation pure et parfaite de la vie en apparence et la matérialité très forte de la peinture me fascine. Si on regarde une de ces œuvres de très près, la peinture apparaît comme sculptée. La matière prend le pas par rapport à ce que l’on peut voir de loin.

En quoi vous portent-elles dans votre quotidien en tant qu’historienne de l’art et chargée des collections à la Fondation des Artistes?

Cette peinture représente la vie dans toute sa diversité. Les aspects les plus beaux de la vie côtoient les aspects les plus crasseux. C’est une peinture humaniste qui prend en compte la vie dans son intégralité. Cet humanisme résonne chez moi et influence notamment ma vision d’une médiation inclusive adaptée à différents publics.

Rencontre avec Solweig Mary, experte en communication digitale fondatrice de l’agence Digitalis

Portrait de Solweig Mary par Iconographia

Portrait de Solweig Mary par Iconographia
©Iconographia

Solweig Mary est experte en communication digitale. À L’occasion de ses 160 ans, la SNBA célèbre le monde de la culture et les personnes qui le font. Découvrez notre échange avec Solweig Mary et apprenez-en davantage sur son parcours, son métier, ses inspirations.

Quelle(s) expérience(s) et quel(s) chemin(s) vous ont menée à devenir experte en communication digitale ?

Aller au musée est une expérience à part entière comme disait mon professeur de sémiologie… C’est à la suite d’une visite au Centre Pompidou lors de mes études que j’ai décidé de créer un compte Instagram pour partager mes expériences muséales à la manière d’un journal de bord. Grâce à cela, j’ai été invitée dans de nombreux musées pour des visites privées et j’ai développé mon activité. Puis, c’est après mon expérience à la tête des réseaux sociaux de la tour Eiffel que j’ai lancé mon agence social media & influence, Digitalis.

Comment définiriez-vous votre métier ?

Je suis Social Media Strategist & Manager, j’accompagne les acteurs de l’art, la culture et la science sur les réseaux sociaux, et plus largement le numérique, en proposant une vision à la fois stratégique et opérationnelle. Les stratégies que je conçois mettent l’accent sur l’aspect social et expérientiel des réseaux sociaux. Parmi les clients de l’agence se trouvent des institutions, des fondations, des entreprises privées et d’autres agences. J’espère cette année avoir l’opportunité de collaborer avec une galerie ou une revue spécialisée !

Quelle partie préférez-vous dans votre travail ?

Je suis déjà très heureuse d’avoir créé mon propre métier. J’aime son aspect stratégique et créatif : jouer avec les codes des réseaux sociaux, leurs formats et proposer des expériences sociales nouvelles. Malgré mon quotidien chargé, je suis pleinement épanouie et passionnée par ce que je fais car j’y trouve du sens. Par exemple, je veille particulièrement à ce que mes stratégies résonnent avec l’actualité les enjeux contemporains.

Quel(s) projet(s) vous a le plus marquée ?

Question difficile…, mais je dirais la 17e édition de la Nuit européenne des musées. Après plusieurs mois de travail et d’investissement pour engager les communautés, je suis fière des activations différenciantes auxquelles j’ai contribué (vidéos d’ASMR tournées au sein de musée en partenariat avec le YouTuber Paris ASMR (248 000 followers), jeu de piste digital, filtre Instagram…).

Je pense aussi au 130e anniversaire de la tour Eiffel, à la refonte de la stratégie réseaux sociaux du Frac Centre-Val de Loire, à la gestion quotidienne des réseaux sociaux du Muséum national d’Histoire naturelle depuis 2 ans et demi. Tous ont beaucoup influencé mon parcours professionnel.

Quelles sont vos inspirations ?

Je suis une passionnée de l’histoire naturelle et de tous les ponts qui existent entre l’art et la science. Pour moi, ces deux domaines sont très liés. J’aime croire qu’ensemble ils peuvent faire évoluer les mentalités et servir durablement notre société. Dans la nature comme dans l’art, je voue une certaine fascination pour les fleurs, que Darwin décrivait comme un “abominable mystère”. On le comprend aisément au nom de mon agence “Digitalis”, en référence à la digitale, dont l’histoire a impacté les sciences et l’art. La botanique est une très grande source d’inspiration !

Quel(le)s artistes vous inspirent ?

Anna Atkins, Mary Delany, Natacha Birds, Sabrina Ratté, Jérémy Gobé (sauver les coraux grâce à la dentelle)…

Votre dernière exposition coup de cœur ?

« Les Origines du Monde » au Musée d’Orsay.

Les lieux où nous pourrions vous croiser ?

Le Jardin des Plantes et ses galeries, Deyrolle, le Musée de la Chasse et de la Nature, dans des jardins de châteaux ou à la montagne, au beau milieu de grands espaces.

En quoi ces inspirations vous portent-elles dans votre quotidien d’experte en communication digitale ?

Des idées, du sens et de l’évasion ! Si les réseaux sociaux demandent du concret (chiffres, statistiques…), l’univers que je crée autour de Digitalis me permet de me rattacher à cette bulle d’inspiration et à nourrir ma fibre artistique. Concernant le sens, je me sens très concernée par le futur de notre planète et suis convaincue que le numérique et les réseaux sociaux peuvent jouer un rôle important dans sa préservation. Utilisés correctement et consciemment, ils peuvent être très puissants.

Et si vous étiez une œuvre, un moment ou un mouvement ?

Je serais probablement une nature morte ou une peinture de fleurs —pour tous les symboles que cela peut représenter. Dernièrement, j’ai eu un coup de cœur pour ce tableau de Rachel Ruysch : « Roses, Convolvulus, coquelicots et autres fleurs dans une urne sur un rebord en pierre ».